L'Officiel des galeries & Musées
Les sculptures de Sylvie Derely s’étendent dans une finesse remarquable, une longueur délicate et élégante, sans sembler fragiles pour autant. Ses personnages, sans visage, ne laissent pas transparaître d’émotions, et ainsi, pas de faiblesses. Leurs membres, longs et souples, s’étirent dans d’amples mouvements, les faisant parcourir le monde à grandes enjambées. A découvrir à la Galerie Estades, jusqu’au 19 juin. Vernissage le jeudi 12 mai 2016.
Univers des Arts n° 184 . mai-juin 2016
Les volumes anguleux, maigres des personnages étirent leur fragile verticalité. En un art épuré qui s’inscrit dans l’espace, Sylvie Derely s’éloigne avec ses bronzes de la référence au réalisme traditionnel pour recréer d’autres formes, leur donne vie dans une figuration née de sa volonté plastique. Avant de découvrir la troisième dimension, elle a tout d’abord pratiqué l’aquarelle et le dessin, exécuté des décors de paravents et de fresques géantes. Puis au cours des années 1990, la sculpture s’est imposée à elle; sans doute y a-t-elle trouvé un vrai bonheur à travailler la matière, une liberté pour retenir les sensations, les instants fugaces autant que les émotions.
Ce sont bien des moments de la vie dont il s’agit dans cette création sensible où les personnages filiformes aux bras et jambes infinis, élégants apparaissent doués d’une énergie intense dans un parfait équilibre. Si les visages sont dénués de traits et les corps simplifiés à l’extrême, ils témoignent cependant de d’émotion et affirment une réelle présence.
A ces sculptures en mouvement répondent d’autres plus statiques et tout aussi significatives telle que « La Conteuse » qui de ses longs bras décrivant une courbe semble vouloir entourer, protéger ses trois auditeurs. Cette sculpture est fondée sur des rythmes spatiaux dynamiques avec une fort intéressante liberté artistique. La trace des doigts créateurs symbolisent le travail, l’exigence ainsi que la passion de Sylvie Derely pour son art porteur des sentiments humains; il nous touche par sa vérité et son feu intérieur.
Nicole Lamothe.
Arts Magazine . n° 102 . mai-juin 2016 . Des bronzes presque humains ...
Lilloise d’origine, Sylvie Derely a commencé sa vie artistique par la peinture en autodidacte. Après une formation aux Beaux-Arts de Reims, elle se partage entre l’aquarelle et la réalisation de dessins pour les textiles et la réalisation de fresques géantes pour des grandes maisons parisiennes, comme Guerlain, Renault ou Rochas.
A son arrivée dans la région lyonnaise dans les années 90, elle décide de se consacrer exclusivement à la sculpture. Son style particulier a convaincu Michel Estades de lui ouvrir les portes de ses trois galeries. L’exposition parisienne est l’occasion de découvrir son style épuré qui n’est pas sans rappeler Giacometti, et ses personnages aux corps élancés et aux visages à peine esquissés, qu’elle a réalisés en appliquant du plâtre par couches successives sur une armature métallique, élaborant ainsi une forme modelée aux doigts et à la spatule, avant d’être moulée en bronze.
A voir Galerie Estades : 17, place des Vosges, 75004 Paris. Du 12 mai au 19 juin, 11h-13h / 14h30-19h.
Arts&Déco Rhône-Alpes : Une sensibilité à fleur de plâtre ...
Sylvie Derely a commencé sa vie artistique dans le nord de la France par la peinture : fresques, paravents, créations pour le textile, rien ne la prédestinait, à vrai dire, à la sculpture. C’est en arrivant à Lyon dans les années 1990 qu’elle s’initie d’abord au travail de l’argile à l’école d’art de la ville, poussée par un professeur qui sait cultiver son enthousiasme et son talent. Parallèlement, elle dessine énormément, surtout des modèles vivants qui nourriront ensuite tout son art. Le passage au plâtre, puis au bronze, se fait de manière naturelle et aujourd’hui, ses créations, fortes de ses constantes observations du corps humain, sont uniquement constituées de personnages.
Son art a atteint un degré de maîtrise qui se passe de l’exacte morphologie pour ne garder que l’émotion et le mouvement. Tout naît dans le fil de fer, de cuivre ou d’étain qui sert d’armature au plâtre et de squelette au personnage. Habillé de plâtre, à la spatule ou à la bandelette, il prend vie dans une extrême économie de moyens. Chaque coup de pouce compte, disant l’inclinaison, l’instantané du mouvement, l’arrêt sur image. Quand la sculpture est terminée elle est coulée en bronze et peut-être légalement éditée en plusieurs exemplaires numérotés.
Place alors à la vie éternelle : des femmes bavardent sur un banc, des couples dansent, s’embrassent, une mère étreint ses enfants…. La vie est là, simple et tranquille, si juste, si frêle, si forte.
Bruno Lestarquit . Critique d'Art . Bruxelles
Sylvie est passée de la peinture à la sculpture tardivement. Elle s’est d’abord initiée à la décoration puis à la peinture monumentale sur fresques géantes avec sa sœur Isabelle. Sylvie voyage et elle se retrouve à Lyon où, par la grâce du talent, du désir et de la rencontre avec un pédagogue avisé, devient sculpteur, dans le sculptural de préférence. Puis dans l’évolution, la matière se met à fondre, tandis que s’allongent les silhouettes, sorte de passage obligé et terriblement référentiel avant d’en arriver à l’épure. Le chemin est classique, mais inévitable, pour tout artiste qui se remet en question. L’allongement ici est annonciateur d’élévation. Mais l’humanité de l’artiste est intacte. Sylvie Derely part toujours d’une émotion, pour en créer une nouvelle, émotion dans laquelle l’œuvre s’achève.
Michel Costi . Galeriste . Annecy
J’ai eu le bonheur de rencontrer le sculpteur Derely par l’intermédiaire d’un peintre. Quelle rencontre ! A travers ce regard bleuté profond que je captais, tout en portant le mien sur les œuvres présentées dans son atelier, m’en disait long sur l’enthousiasme du personnage et la véracité de son langage. Il y eu une première période de bronzes aux volumes bien équilibrés, assez classiques, sur le thème de la femme. Aujourd’hui une évolution très marquée, par une certaine épuration, permet de ne plus comparer, et de répondre à la question qui serait posée ! Quelle est la créativité de ce sculpteur ? Je me refuse depuis longtemps à des comparaisons, comme si nous nous étions arrêtés au passé d’une époque oubliant de vivre la nôtre.
Il est possible de s’enthousiasmer devant la qualité d’une création artistique : c’est le cas pour Sylvie Derely. Son «futur prometteur» permet l’expression «Artiste à suivre de près».
Anne Bollori . Galeriste . Paris
«Les sculptures de Sylvie Derely ont les courbes harmonieuses et douces du paysage qu’on aperçoit de son atelier. Jeunes filles en mini jupes, au ventre plat ou rond du printemps de la vie, lorsqu’on est sur le point de la donner. Toutes possèdent de grands bras pour étreindre. Toutes ont les jambes longues de celles qui parcourent le monde à grandes enjambées. Ses femmes enceintes portent haut leur chance d’enfanter, abandonnant momentanément à l’enfant qu’elle portent leur désir de séduction. Temps suspendu de la maternité heureuse où les autres sont éloignés du cercle magique ou l’enfant et sa mère ne font encore qu’une seule chair. Sylvie Derely porte un regard tendre sur la famille : couples en harmonie que l’on s’imagine trop récents peut-être, pour être abîmés par les coups de canif du quotidien mais qui semblent garder pourtant la complicité des premiers instants. Alors dans cet hymne à la vie que nous offre Sylvie Derely, n’y aurait-il pas moyen de retenir à notre tour, nos désarrois pour saluer avec elle le bonheur mis à notre portée et de nous y plonger » .
Isabelle Lombard . Médecin . Lyon
Originaire de Lille, Sylvie Derely débute la peinture en 1977. Autodidacte, elle se forme à l’école des Beaux-Arts de Reims. Au début des années 80, elle se partage entre l’aquarelle et les commandes de dessins pour le textile. Son attirance pour les grands horizons, souvenir d’une enfance dans le nord, fait d’elle un peintre de fresques. De grandes maisons parisiennes lui font décorer leur façade de bâches peintes. En 1992 , elle réalise avec sa sœur Isabelle Venet, peintre, une fresque géante pour l’exposition du peintre Paul Signac au musée de Reims.
Vivant depuis 1993 dans la région lyonnaise, elle se consacre entièrement à la sculpture, puisant son inspiration dans ses nombreux voyages et dans la vie des gens qui l’entourent. Sylvie Derely exprime une très grande sensibilité dans son art, très féminin, jamais agressif et toujours touchant. Le mouvement qu’il dégage le rend presque vivant.